Les effets de la nicotine sur la locomotion sont pluriels [311]. La nicotine est anxiogène. Ainsi, dans un environnement nouveau, la nicotine entraîne une inhibition du comportement exploratoire et donc de la locomotion totale. L'exposition répétée à la drogue entraîne une tolérance, c.-à-d. qu'il faut une quantité plus importante pour obtenir un effet donné [222]. En revanche, dans un environnement connu, et non anxiogène, la nicotine entraîne un accroissement de la locomotion globale [176,20]. L'exposition répétée à la drogue entraîne une sensibilisation, c.-à-d. qu'une injection donnée de nicotine provoquera un accroissement plus important de locomotion.
Ce renforcement locomoteur passe par le système dopaminergique mésostrié [54,264,190]. D'autres agonistes nicotiniques montrent le même type d'effet [226,227,228,311]
La séquence des peptides a été choisie dans la portion variable du domaine
cytoplasmique de la sous-unité 6 de rat [Figure 10.4]
afin d'obtenir une bonne spécificité des antisera. Cette séquence est
HKSSEIAPGKRLSQQPAQWV, commençant à l'acide-aminé 399 de la pré-protéine.
Synthèse et couplage: Après la synthèse (Production pastorienne), le peptide a été couplé à de la thyroglobuline bovine (TG, Sigma T1001). Pour deux lapins, 33 mg de TG sont dissous dans 2 ml de PBS, et filtrés. 3 mg de peptide sont ajoutés. A 4 °C, 2,5 ml de glutaraldéhyde 0,2 % est ajouté goutte à goutte durant une période de 20 min. La réaction est stoppée en ajoutant 150 ml de borohydrure de sodium à 12,5 mg·ml-1. La solution obtenue est alors dialysée une nuit contre du PBS.
Immunisation: L'immunisation des lapins a été réalisée par la société Eurogentec (Belgique). Chaque lapin reçoit une injection de 1 ml de peptide conjugué, puis, à 15 jours d'intervalle, trois autres injections de 0,5 ml.
Purification: Les anticorps ont été purifiés sur colonnes d'affinité. Le peptide est couplé à un ester d'agarose actif, Affi-Gel 10 (BIO-RAD 1536099, CA, USA) dans du MOPS 10 mM à pH7 (30 mg de peptide pour 1 ml d'Affi-Gel). La réaction est stoppée par ajout de 100 ml d'éthanolamine 1 M à pH8. Après filtration et ajout d'anti-protéases, les échantillons sont passés sur la colonne plusieurs fois. Les anticorps se fixent alors sur la colonne. Après quatre lavages successifs:
Les tissus sont homogénéisés à 10 % (masse à volume) dans le tampon:
Les ODNs ont été choisis par Emilio MERLO-PICH
(glaxo-welcome) selon les critères classiques pour les expériences
d'antisens (voir dans [81]). Quatre ODNs antisens
et deux ODNs nonsens ont été sélectionnés dont la moitié ont
passé les premiers tests avec succès [Table 13.1]. Ils sont
complémentaires de la partie 5' de l'ARNm codant la sous-unité
6 (avant le site d'initiation de la traduction) ou complémentaires
de la partie 3' du messager. Dans le premier cas, ils vont gêner la
fixation du ribosome et donc empêcher la traduction. Dans le second cas,
ils peuvent déstabiliser les structure secondaires qui, en 3', sont
responsables de la résistance du messager à la dégradation. Dans les deux
cas, les hybrides ARN/ADN formés sont sensibles à la
RNAse H et peuvent de ce fait provoquer la dégradation du
messager.
code et position | séquence | position relative à l'AUG |
AS3 (in vitro) | 5'-GCCAACTCAAAGTGCACC-3' | +179 |
AS4 (in vitro) | 5'-TGTGGAAACCGAAGCTGT-3' | -56 |
AS4 (in vivo) | 5'-TGTGGAAACCGAAGCTGT-3' | -56 |
NS2(in vivo) | 5'-TACTCGCGGCGCGAAAAG-3' | nonsens |
Une mono-couche de cellules gliales est préparée à partir de cerveau de rat postnatal (P0-2). Le cerveau est enlevé de la cavité crânienne dans de l'HBSS (Gibco 24020-091), les voiles méningés sont enlevés soigneusement et la région mésencéphalique ventrale est disséquée (Un cerveau fourni environ 2 millions de cellules). Après trituration, le tissu est incubé 30 min dans de l'HBSS contenant 0,025 % de trypsine (plus de l'EDTA) à 37 °C. La réaction est stoppée en ajoutant 1 volume de Plating medium (PM)
Une semaine après, la partie ventrale du mésencéphale d'embryons de quinze jours est disséquée selon la méthode exposée ci-dessus. Les cellules sont préparées et déposées sur la mono-couche gliale. Les neurones se différencient en deux jours (sept jours sans la couche gliale). Après quatre jours, le FM est enlevé et remplacé par du DMEM additionné de supplément N2, de fibronectine, avec ou sans ODNs. A intervalle de deux jours, la moitié du milieu est changée.
Les expériences in vivo ont été effectuées sur des rats
Sprague-Dawley mâles de 200 g. Les oligonucléotides sont dilués dans de
l'eau stérile à 2,5µg·µl-1. L'infusion est réalisée
à l'aide de mini-pompes osmotiques (Alzet modèle 2001) à la vitesse de 1 µl/h
durant sept jours. Les mini-pompes sont placées sous la peau
du dos des animaux et liées à une canule d'injection intra-ventriculaire
(Alzet brain infusion kit) comme indiqué sur la Figure
13.1.
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Les mouvements dans les cages transparentes sont détectés par des faisceaux infra-rouges. Chaque rupture de faisceau incrémente le compteur associé. Après une heure d'habituation (novelty period, N), les animaux reçoivent une injection intra-péritonéale13.1 de (-)-nicotine bi-tartrate (Sigma) de concentration variable (0,6 mg·kg-1 pour les expériences avec ODNs) ou de solution physiologique. On laisse les animaux dans les cages une heure après l'injection (habituated period, H).
L'effet d'accroissement de la locomotion est estimé par le rapport
H/N. Pour les expériences avec oligonucléotides, on utilise la
formule normalisée:
Les traitements des neurones fœtaux mésencéphaliques par l'un
des ODNs antisens (AS4) provoquent une diminution
significative de la quantité de protéine 6 mesurée par
western-blot. Le traitement par AS3, comme le traitement
par l'ODN nonsens, ne montre aucune différence
significative avec les contrôles non-traités [Figure
13.2].
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Les premiers oligonucléotides utilisés possédaient six nucléotides phosphorothioates (trois en 5' et trois en 3'). La concentration utilisée était 10 µg·µl-1. Ces traitements se sont révélés très délétères. Alors que les rats implantés avec une pompe emplie d'eau récupèrent bien de l'opération, les rats recevant des ODNs, antisens comme nonsens, perdent du poids jusqu'à atteindre un état cachectique. La mesure de la masse de nourriture absorbée montre que ces animaux ne s'alimentent plus (en revanche, la mesure du liquide absorbé montre qu'ils s'abreuvent normalement). Dans une seconde phase, nous avons diminué le nombre de liaisons phosphorothioates, n'en conservant que quatre en 3', qui est la position clé pour la résistance aux exonucléases. Nous avons également divisé la concentration des ODNs par quatre, passant ainsi à 2,5 µg·µl-1.
Afin de déterminer si les infusions d'ODNs ont un effet sur l'activité de la voie dopaminergique, j'ai mesuré les accroissements de locomotion induits par la nicotine chez les rats habitués à leur environnement.
Un rat placé dans une nouvelle cage présente une activité locomotrice
élevée, surtout due au comportement exploratoire (novelty period,
N). Cette activité décroît de manière exponentielle au fur et à mesure que
l'animal s'habitue à son nouvel environnement. Après une heure, un état de
repos est atteint (habituated period, H). Si l'on injecte de la
(-)-nicotine à l'animal durant l'habituated period, il va
présenter un accroissement brusque de locomotion dû au stress suivi par
une activité soutenue durant à peu près une heure. Les animaux injectés
avec de la solution physiologique présentent la locomotion induite par le
stress sans l'activité soutenue subséquente. Cet effet dépend de la dose
de nicotine injectée avec un EC50 d'à peu près 0,5 mg·kg-1
(-)-nicotine bi-tartrate [Figure 13.4].
Au septième jour d'infusion des ODNs, les rats sont placés dans
les cages transparentes. Aucune différence significative n'est mesurée
durant la novelty period entre les rats infusés par les antisens,
les nonsens et les rats opérés sans infusion. Les animaux infusés avec les
ODNs antisens ne montrent qu'un faible accroissement de
l'activité durant l'habituated period quand je leur injecte
0,6 mg·kg-1 de (-)-nicotine bitartrate [Figure
13.5].
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En revanche, les animaux infusés avec les ODNs nonsens ou de
l'eau ne présentent aucune différence dans leur réponse comportementale à
la nicotine et aucune différence significative avec les animaux
non-infusés traités avec la nicotine. La différence entre les rats infusés
par les ODNs antisens et nonsens est clairement significative
(ANOVA une voie, p<0,01). L'effet est particulièrement clair
quand les résultats sont normalisés, exprimés comme une modification de
l'effet de la nicotine. Le traitement supprime 70 % de l'effet de la
nicotine. Si la locomotion est suivie à intervalles de 5 min, on peut voir
que l'activité est réduite alors que l'activité induite par le stress ne
change pas [Figure 13.6].
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